Le Carignan, cépage du passé… ou d’avenir ?

Le cépage Carignan est originaire de la région d’Aragon en Espagne et plus précisément de la région de la ville de Cariñena. Cariñena donne son nom à une Denominacion de Origen (équivalent des AOC/AOP) . Le Carignan est appelé Mazuela en Espagne et serait arrivé en France au Moyen-Age, apporté par des pèlerins de Compostelle.

Son histoire en France

Dans les années 1960 – 70, ce cépage a couvert plus de 200 000 hectares en France, ce qui en faisait le premier cépage cultivé. A cette époque, son succès tenait à sa productivité puisqu’il permettait des rendements dépassant parfois les 200 hectolitres par hectare.

A l’époque où le Languedoc était spécialisé dans les vins de table, le Carignan s’imposait donc avec son acolyte l’ Aramon, qui, lui, a quasiment disparu de nos jours.

Ses caractéristiques

Le Carignan présente un port érigé, ce qui permet de le conduire en gobelet, en taille courte. Il débourre et mûrit tardivement (troisième époque) . Très sensible à l’oïdium, il est vigoureux et très productif en plaine. Il donne des vins colorés, riches en alcool .

Ses tanins peuvent être durs , voire amers , d’autant plus si la maturité n’est pas complète. Par rapport à d’autres cépages, il manque de fruit et de souplesse.

La vinification en macération carbonique permet de corriger ce caractère peu agréable.

Le Carignan aujourd’hui

Le Carignan a donc fait les frais de la mutation du Languedoc vers les vins de qualité. On le rencontre aujourd’hui en Languedoc-Roussillon, dans la partie méridionale des Côtes du Rhône , en Provence et en Corse.

Il représente malgré tout environ 30 000 hectares en France aujourd’hui car il a ses adeptes, aussi bien du côté des vignerons que des amateurs.

Massivement arraché depuis 50 ans, certains vignerons le replante aujourd’hui !

Le Carignan est-il un cépage du passé ou un cépage d’avenir ?

Il faut dire que ce cépage présente certaines qualités : résistant à la chaleur, au vent et à la sécheresse , il s’adapte bien aux terroirs méditerranéens et aux étés que nous avons connu ces dernières années.

On ne peut pas en dire autant de la Syrah qui , à l’opposé du Carignan, a vu ses surfaces progresser considérablement depuis plusieurs dizaines d’années. Des situations ou des millésimes secs et chauds peuvent impacter négativement la production de la Syrah.

Sur certains terroirs, le Carignan a donc naturellement plus sa place.

C’est justement dans les zones peu fertiles de coteaux que le Carignan donne ses meilleurs résultats.

Comme tout cépage , le carignan n’est pas « bon » ou « mauvais » mais exprime tout son potentiel dans des conditions qui lui correspondent en ce qui concerne le terroir et les méthodes de travail.

En plaine , il donne des vins acides aux tanins verts, par manque de maturité. En conditions plus arides, les tanins , toujours présents sont plus doux.

Assemblé ou pur

Dans toutes les zones de culture, le Carignan est essentiellement un cépage assemblé. Il apporte structure, matière et fraîcheur.

Il est autorisé dans la plupart des appellations , le plus souvent comme cépage secondaire, avec un pourcentage plus limité que Grenache et Syrah dans l’assemblage.

Mais il y a des cas particuliers : dans les AOP Fitou et Boutenac (cru des Corbières) , le Carignan doit représenter respectivement au minimum 20% et 30% de l’assemblage.

Par ailleurs , l’AOP Saint-Chinian vient de l’intégrer dans les cépages principaux.

De nos jours, on ne compte plus les producteurs qui proposent des cuvées 100% Carignan.

A l’heure où les « vieux » cépages ont le vent en poupe, le Carignan fait son retour !